L’année 2025 marque une nouvelle étape dans la transformation de l’école inclusive en France. Entre réformes structurelles, tensions sur le terrain et nouvelles dynamiques de formation, l’actualité de l’enseignement spécialisé révèle autant de promesses que de préoccupations. Voici un tour d’horizon des points clés à connaître pour tous les professionnels de l’accompagnement scolaire.
📈 Inclusion scolaire : des chiffres en hausse, mais des tensions persistantes
À la rentrée 2024, plus de 519 000 élèves en situation de handicap étaient scolarisés dans les établissements scolaires français, représentant 4,36 % de l’ensemble des élèves. Cette progression s’accompagne d’un renforcement des outils de suivi, avec plus de 309 000 livrets de parcours inclusif (LPI) ouverts par les enseignants, soit une hausse de 69 % par rapport à l’année précédente.
Mais cette dynamique positive cache aussi des difficultés persistantes sur le terrain. Les ULIS (Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire) sont confrontées à un engorgement préoccupant : en 2023, 17 % des enfants du primaire et 22 % des adolescents n’ont pas obtenu de place en ULIS malgré une notification de la MDPH.
En cause : la hausse rapide des notifications de la MDPH et le manque de places dans les structures médico-sociales ou scolaires spécialisées.
🏗️ Acte II de l’école inclusive : vers une transformation en profondeur
Face à ces constats, le gouvernement a lancé l’« Acte II de l’école inclusive », une série de mesures visant à repenser en profondeur l’accueil des élèves à besoins spécifiques.
Parmi les principales mesures annoncées :
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Création de 3 000 Pôles d’Appui à la Scolarité (PAS) d’ici 2027. Ces pôles apporteront des réponses personnalisées aux situations d’élèves, en proposant des aides humaines, matérielles ou pédagogiques. Ils seront composés de professionnels spécialisés, ressources pour les équipes éducatives.
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Externalisation des établissements médico-sociaux (IME, IEM, ITEP) vers des dispositifs intégrés à l’école, afin de favoriser un accompagnement dans le milieu scolaire ordinaire, tout en conservant l’expertise médico-sociale sur place.
Ces réformes visent à sortir de la logique de « placement » pour aller vers une logique de parcours souple et individualisé, en lien avec les réalités du terrain.
🎓 Une réforme de la formation initiale des enseignants
Autre actualité majeure : la réforme de la formation des futurs enseignants.
Dès 2025, les concours seront repositionnés en fin de licence (bac +3) et la formation se poursuivra sur deux années de master, pensées comme des années professionnalisantes et rémunérées.
Objectifs affichés :
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rendre les carrières plus attractives,
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renforcer la préparation aux réalités du métier,
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intégrer davantage de contenus liés à l’école inclusive dans le tronc commun de formation.
Un signal fort en faveur d’une meilleure prise en compte de la diversité des élèves dès la formation initiale.
🧮 La réforme SERAFIN-PH : vers une nouvelle tarification médico-sociale
En parallèle, la réforme SERAFIN-PH (Services et Établissements : Réforme pour une Adéquation des FINancements au parcours des Personnes Handicapées) continue de susciter de vifs débats.
Prévue pour être généralisée d’ici 2027, cette réforme vise à transformer le financement des établissements médico-sociaux, en le fondant non plus sur l’offre existante, mais sur les besoins réels des usagers.
Les objectifs sont clairs :
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gagner en transparence,
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mieux adapter les ressources aux situations individuelles,
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permettre plus de souplesse dans l’accompagnement.
Mais sur le terrain, de nombreux professionnels expriment leurs inquiétudes quant aux moyens qui seront alloués, à la complexité des grilles d’évaluation, et aux risques de mise en concurrence des structures.
🧭 Ce que cela implique pour les professionnels de l’enseignement spécialisé
Face à ces évolutions, les professionnels de terrain doivent aujourd’hui :
✔️ Se tenir informés des réformes en cours et de leurs impacts locaux ;
✔️ Renforcer leurs compétences, via des formations ciblées et du travail en réseau ;
✔️ Coopérer avec les nouveaux acteurs de l’inclusion : PAS, établissements médico-sociaux, familles, enseignants ordinaires.
Plus que jamais, l’école inclusive s’affirme comme un projet collectif, où le rôle des professionnels de l’enseignement spécialisé est central : facilitateurs, repères, bâtisseurs de liens.
💬 Conclusion
L’année 2025 confirme que l’enseignement spécialisé est à un tournant majeur : entre volonté politique forte, défis systémiques et innovations pédagogiques, l’école inclusive avance… non sans zones d’ombre.
Mais à travers chaque adaptation, chaque coopération, chaque regard porté sur les potentiels des élèves dits « différents », c’est une école plus juste et plus humaine qui se construit.