Accueillir un élève présentant un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) en classe peut susciter des interrogations, voire des inquiétudes. Ces élèves sont souvent décrits comme agités, inattentifs, impulsifs, distraits ou rêveurs. Pourtant, derrière ces comportements parfois déroutants, se trouvent des enfants qui ont envie d’apprendre, de bien faire, et de trouver leur place dans la classe… à condition d’avoir un environnement adapté à leurs besoins.
Le TDAH est un trouble neurodéveloppemental qui affecte les fonctions exécutives : planification, attention soutenue, régulation des émotions, gestion du temps ou du comportement. Ces fragilités ne relèvent ni d’un manque d’éducation, ni de mauvaise volonté. Elles peuvent être allégées par des aménagements simples, concrets et efficaces, à la portée de tous les enseignants.
Voici des ajustements que vous pouvez mettre en place immédiatement pour aider ces élèves à mieux s’inscrire dans les apprentissages, tout en allégeant les tensions en classe.
- Clarifier et ritualiser les consignes
Les élèves avec TDAH peuvent avoir des difficultés à :
- Maintenir leur attention jusqu’à la fin d’une consigne
- Retenir plusieurs informations en même temps
- Distinguer l’essentiel du secondaire
Il est donc essentiel de :
- Donner des consignes courtes, claires et séquencées
- Accompagner systématiquement à l’oral d’un support visuel ou écrit
- Vérifier la compréhension (par reformulation, dessin, démonstration)
- Répéter calmement si besoin, sans ironie ni lassitude
Prévoir une fiche de référence visuelle (type « Que dois-je faire maintenant ? ») peut les aider à rester ancrés dans la tâche.
- Réduire les sources de distraction
L’environnement de classe est une source constante de stimulations. Pour les élèves TDAH, cela peut vite devenir ingérable. Quelques ajustements utiles :
- Installer l’élève loin des fenêtres, des zones de passage ou des camarades très bavards
- Proposer un écran latéral ou une barrière visuelle autour du bureau
- Limiter les objets inutiles sur la table
- Prévoir une boîte fermée pour ranger les affaires non utilisées
- Offrir la possibilité d’utiliser un casque anti-bruit ou des bouchons d’oreille sur certaines tâches
Créer un espace calme ne signifie pas isoler : c’est offrir une bulle de concentration.
- Proposer des pauses actives régulières
L’agitation motrice n’est pas toujours volontaire : c’est souvent un besoin de bouger pour se recentrer. Plutôt que de lutter contre, il est plus efficace de :
- Fractionner les temps de travail : 15 minutes de concentration, 5 minutes de mouvement
- Intégrer des pauses actives (petits étirements, marches, tâches motrices)
- Permettre l’usage d’un coussin d’assise dynamique, d’un fidget ou d’un ballon-siège, si cela aide à maintenir l’attention sans perturber
Il ne s’agit pas de « laisser faire » mais d’accompagner une autorégulation motrice indispensable.
- Structurer le temps de manière explicite
Le rapport au temps est souvent flou pour les élèves TDAH : ils peuvent se perdre dans une tâche ou ne pas la commencer du tout. Pour les aider :
- Utiliser des timers visuels, des sabliers ou des minuteurs colorés
- Annoncer les temps de travail et de pause clairement
- Scinder les grandes tâches en étapes visibles (« étape 1 », « étape 2 », etc.)
- Afficher ou remettre un plan de travail personnalisé
Donner un début, un milieu et une fin à chaque activité sécurise leur engagement.
- Adapter l’évaluation et la quantité de travail
Les élèves TDAH ne manquent pas d’intelligence, mais leur disponibilité cognitive est souvent limitée. Il est donc préférable de :
- Réduire le nombre d’exercices sans baisser les exigences
- Offrir un temps supplémentaire sur les évaluations
- Privilégier des évaluations orales ou en deux temps
- Valoriser les efforts fournis et les stratégies mobilisées, pas seulement le résultat
L’objectif est d’évaluer les compétences, pas la capacité à rester assis longtemps.
- Poser un cadre clair et bienveillant
Les élèves avec TDAH peuvent tester les limites ou réagir impulsivement. Ce n’est pas un rejet des règles, mais souvent une difficulté à les anticiper ou à s’y conformer de manière constante. Il est utile de :
- Rappeler régulièrement les règles avec des pictogrammes ou des supports visuels
- Prévoir une fiche de comportement avec des objectifs simples et atteignables
- Utiliser des renforcements positifs fréquents pour encourager les efforts
- Préparer à l’avance les transitions difficiles ou les changements d’habitude
Un cadre ferme, empathique et constant favorise la sécurité intérieure et l’adhésion.
- Valoriser l’élève et ses compétences
Trop souvent, l’élève TDAH est défini par ses difficultés. Il est donc essentiel de :
- Identifier et valoriser ses points forts (créativité, humour, mémoire, intuition…)
- Lui donner des responsabilités ciblées qui favorisent l’estime de soi
- Créer des situations de réussite fréquentes, même courtes
- Le féliciter pour ses progrès, pas seulement pour ses performances
Un élève valorisé est un élève qui ose persévérer, malgré ses fragilités.
Conclusion
Accueillir un élève avec TDAH ne demande pas de tout révolutionner : cela suppose d’observer, de comprendre et d’ajuster. Les aménagements proposés ici sont simples à mettre en place, sans coût ni surcharge de travail, et peuvent bénéficier à l’ensemble du groupe. L’enjeu est de transformer les obstacles en opportunités d’apprentissage partagé, dans une classe où chacun peut progresser selon son propre rythme et ses propres stratégies.